1. Définition du burnout

 

Le burnout désigne dans l’industrie aérospatiale, la désintégration par surchauffe des machines à court de carburant.

En 1970, Herbert Freudenreich, psychiatre, psychothérapeute et psychanalyste, décrit pour la première fois le burnout qu’il a observée chez des soignants bénévoles s’occupant de toxicomanes (et l’histoire dit qu’il a lui-même souffert de cette fatigue analogue à une « combustion interne »).

Pour le psychologue, le burnout est une maladie de la relation humaine, proche d’un état dépressif, précédée d’une forte charge de stress associé à beaucoup de frustration personnelle.
Son évolution longtemps silencieuse, peut conduire au suicide (en cas de dépression) ou à des conduites à risque pour la santé (tabac, alcool, drogue et médicaments).

Par la suite, un questionnaire fut mis au point par des psychologues; il s’agit du « Maslach Burnout Inventory » initialement destiné à la prévention de la dépression chez le personnel soignant affecté par le surmenage professionnel. L’importance du phénomène était surtout remarquée au sein des professionnels de santé, chez les soignants de service à risque émotionnel élevé (cancérologie, immunohématologie, gériatrie, Sida, réanimation, …), mais aussi chez les bénévoles qui participent aux actions d’aide et d’accompagnement de sujets séropositifs et sidéens au sein d’associations. Dans cette catégorie professionnelle, les psychologues observent fréquemment une attitude de fuite, de désinvestissement du travail, d’absentéisme répété. En effet prendre son poste de travail quotidiennement devient de plus en plus difficile.

Ailleurs, et aussi curieux que cela ne puisse paraître, les psychologues relatent un surinvestissement d’activité professionnelle jusqu’à ne plus pouvoir quitter le travail, même si ce travail est inefficace. Ce comportement de présentéisme est plus typiquement rencontré chez les cadres. En cas de surmenage, la volonté et la résistance deviennent contre-performantes.

Au Japon, le Karoshi désigne un décès (toutes causes confondues) associé à un temps de travail excessif. En ce qui le concerne, dans le résultat d’une enquête menée par une compagnie d’assurance sur des hommes de vingt à cinquante ans, 88% des hommes considèrent qu’ils avaient de fortes chances ou quelques chances (37%) de mourir par karoshi. 76,2% d’entre eux déclaraient que leur travail était dur et 80,5% avouaient qu’ils allaient au travail même quand ils étaient grippés. 70% des hommes de vingt à trente-neuf ans considèrent qu’ils travaillent trop et 80% d’entre eux aimeraient voir leurs heures de travail réduites pour profiter de leur famille et de leurs enfants. Au Japon, on recense une dizaine de milliers de morts par karoshi mais dès 1989 déjà, un homme sur huit mourait de mort « brutale ».

En France, les récentes affaires de suicides survenues sur des lieux de travail soulignent l’importance grandissante de cette forme de pathologie qui n’est pas très éloignée, selon nous, de l’état de fatigue qui frappe les sujets dont le sommeil est inefficace.

Pour les psychologues, il est possible de rapprocher le burnout du Syndrome Général d’Adaptation (SGA) qui, d’après H. Selye en 1946, évolue dans le temps en trois phases :

  1. la réaction d’alarme ou d’alerte,
  2. le stade de résistance ou d’adaptation, parsemées de troubles fonctionnels,
  3. le stade d’épuisement qui correspondrait au burnout.

Une aide psychothérapeutique est bien souvent nécessaire pour faire face à ce danger imminent. Bien souvent, il est conseillé au terme d’une visite chez le médecin.

 

 

2. Le « Maslach Burnout Inventory »

 

Le « Maslach Burnout Inventory » est utilisé par les psychologues pour des situations de stress professionnel dans un souci de prévention et d’amélioration des conditions de travail.

Rappelons que l’épuisement professionnel (le burnout) témoigne d’une fatigue ressentie à l’idée même du travail. Ces troubles sont souvent considérés comme un « syndrome anxio-dépressif ». Pour Maslach « l’épuisement serait la composante-clé du burnout » et disparaîtrait durant les vacances, ce qui le distingue d’une authentique dépression.

Ce questionnaire sert au psychologue à évaluer trois avis négatifs à propos de son travail, jugé fatigant, inintéressant et peu gratifiant.

Les 22 phrases ci-dessous représentent des sentiments que l’on peut éprouver à propos de son travail. Je vous invite à répondre aux énoncés suivants par « oui » ou par « non » :

1) Je me sens émotionnellement fatigué(e) à cause de mon travail.
2) Je me sens épuisé(e) à la fin d’une journée de travail.
3) Je me sens déjà fatigué(e) lorsque je me lève le matin et que je vois une nouvelle journée de travail devant moi.
6) Travailler toute la journée avec des gens me fatigue.
8) Je me sens usé(e) par mon travail.
13) Je me sens frustré(e) par mon travail.
14) J’ai le sentiment de travailler trop durement dans ma profession.
16) Le fait que mon travail me mette en contact direct avec d’autres personnes me stresse trop.
20) J’ai le sentiment de « perdre mon latin ».Total de « oui » : ……./ 9

  • total inférieur à 4 : burnout bas
  • total compris entre 4 et 6 : burnout modéré
  • total supérieur à 6 : burnout élevé

 

 

3. La perte d’empathie dans le burnout

 

Pour le psychologue, la perte d’empathie est un sentiment de déshumanisation de ses rapports aux autres, d’indifférence et de cynisme conduisant le sujet à inhiber toute attitude chaleureuse vis-à-vis de ses clients ou collègues.

5) J’ai le sentiment de traiter certains clients comme s’il s’agissait d’objets.
10) Je suis devenu(e) plus indifférent(e) aux autres depuis que j’exerce ce travail.
11) Je crains que mon travail me rende moins compatissant(e).
15) Je ne suis pas vraiment intéressé(e) à ce qui arrive à certains clients.
22) J’ai le sentiment que certains clients ou leur famille me rendent responsable de leurs problèmes.Total de « oui » : ……./ 5

  • total inférieur à 2 : burnout bas
  • total compris entre 2et 3 : burnout modéré
  • total supérieur à 4 : burnout élevé

 

Le virage dépressif du burnout se produit précisément lorsque le sujet perd son habituel « goût des autres » pour se renfermer dans la solitude. Le terme de « syndrome de Sœur Térésa » est souvent utilisé pour décrire le comportement de ces personnes épuisées (fibromyalgiques, « spasmophiles » ou « fatiguées chroniques » ) qui font malgré tout preuve de beaucoup d’altruisme dans leur cadre professionnel ou familial.

 

4. L’accomplissement personnel et le burnout

 

Le sentiment d’accomplissement personnel ou d’épanouissement au travail est indispensable à l’équilibre psychologique (et somnologique). Dans le cas contraire, la personne, qui s’évalue négativement, va douter de ses réelles capacités et va accumuler encore plus de fatigue émotionnelle dans les situations de stress (ce qui conduit à l’insomnie ).

4) Je comprends facilement ce que mes clients pensent de certaines questions.
7) Je traite avec succès les problèmes de mes clients.
9) J’ai le sentiment d’influencer par mon travail la vie des autres.
12) Je me sens plein(e) d’énergie.
17) J’ai de la facilité à créer une atmosphère détendue.
18) Je me sens stimulé(e) lorsque je travaille en contact étroit avec mes clients.
19) J’ai atteint beaucoup d’objectifs valorisants dans mon travail.
21) Dans mon travail, je traite les problèmes émotionnels avec sérénité.Total de « Non » : ……./ 8

  • total inférieur à 3 : burnout bas
  • total compris entre 3 et 5 : burnout modéré
  • total supérieur à 6 : burnout élevé

 

 

5. Pour une mesure qualitative du burnout

 

Les trois sentiments évalués par le questionnaire s’entretiennent par eux-mêmes en véritable cercle vicieux auquel le psychologue fera très attention. Le risque de passage à l’acte (tentative de suicide ou invalidité fonctionnelle) intervient de manière brutale et imprévisible à l’occasion de la décompensation des capacités de résistance du sujet. Ailleurs, cet état favorise les conduites addictives (tabac, alcool, tranquillisants ou stupéfiants) et favorise la survenue de pathologies intercurrentes.

Celui qui lutte contre le burnout n’a pas conscience de l’existence de ce point de rupture et pense pouvoir tenir (sans, pour autant, être en mesure de modifier sa situation et même d’y songer).

La mesure qualitative de la menace de burnout résulte de la somme :

  • des réponses « Oui » des groupes de questions 1 et 2
  • des réponses « Non » du groupe 3.

 

  • total inférieur à 8 : burnout bas : « vous devriez envisager d’améliorer quelque chose ».
  • total compris entre 8 et 16 : burnout modéré : « prenez fermement des mesures ».
  • total supérieur à 16 : burnout élevé : « attention danger, ne restez pas seul(e) à vous en occuper ».

 

 

6. Définition et physiopathologie du burnout

 

Pour le psychologue et le psychothérapeute, on peut donc considérer :

  • un épuisement émotionnel ;
  • une déshumanisation de la relation à l’autre ;
  • un sentiment d’échec professionnel.

Ces éléments sont souvent associés à des conditions de travail difficiles sur des longues périodes.

Ainsi que le relatent des études récentes menées par des psychologues, les causes sont liées d’une part au travail : mauvaise organisation et/ou une absence de conditions positives, comme le manque de gratification, le peu de soutien professionnel et des objectifs mal définis. D’autre part, des causes sont liées au sujet lui-même, dans le sens d’une vulnérabilité personnelle, d’une faillite dans la gestion de son énergie personnelle, d’une vision idéaliste, voire irréaliste de son travail.

Voici quelques critères de diagnostic d’épuisement professionnel tels que le reprendra un psychologue :

1. un état affectif négatif,
2. des conditions de travail négatives,
3. des aspirations idéalistes,
4. une baisse marquée des performances,
5. une absence d’antécédent psychopathologique,
6. un bon fonctionnement antérieur au travail,
7. une amélioration pendant les vacances,
8. une irréversibilité sans aide extérieure.

 

 

7. Quelles solutions face au burnout ?

 

Le burnout est dangereux ! Cela signifie qu’il nécessite tout d’abord un avis médical mais aussi un suivi chez un psychologue ou un psychothérapeute.

Outre une aide médicamenteuse et/ou une période de repos médical, décidées par le médecin, il faudra aussi reparamétrer les conditions de vie de la personne impactée par un burnout et l’aider à trouver des « stratégies » relationnelles pour mettre des limites qui lui permettent de retrouver une harmonie dans son travail. Dans certains cas, un changement radical dans l’espace professionnel doit être envisagé.

Le suivi psychothérapeutique peut varier de 2 mois à une année.

Il faut noter aussi que l’ensemble de la famille et du couple est impacté par le burnout de l’un de ses membres. Un encadrement familial ou conjugal très ponctuel peut s’avérer parfois adéquat. Ceci sera débattu entre le patient et le psychologue.