La petite enfance (0 à 4 ans)

 

Les signes du mal-être du tout-petit

 

L’usage du langage n’étant pas encore totalement maîtrisé, l’enfant exprime essentiellement son malaise par des manifestations somatiques comme des vomissements réguliers, des pipis intempestifs à répétition, un sommeil très perturbé.

Chez le bébé, l’absence du gazouillis si caractéristique du nourrisson, un regard vide ou fuyant, un immobilisme persistant sont autant d’indices qui doivent alerter les parents. A partir de la 2ème année, un désintérêt systématique ou une anxiété excessive lorsque l’enfant est séparé de son doudou ou de son jouet de prédilection doit inviter à la plus grande vigilance.

L’opposition, le refus alimentaire ou l’agitation d’un tout petit sont parfois l’expression d’un mal-être qu’il est souvent difficile de comprendre.

 

Le psychothérapeute collabore avec les parents et le pédiatre

 

Pour ce faire, je ne travaille jamais avec des tout-petits sans la présence de leurs parents (ou de l’un d’eux), et ce, parce que le meilleur allié thérapeutique de l’enfant, ce sont justement ses parents. Et parfois, ceux-ci sont dépassés ou n’arrivent plus du tout à gérer. Un zeste de guidance suffit parfois amplement.

Dans mon travail de psychologue, je rassure les parents, même si très souvent les perturbations de leur enfant suscitent de vives inquiétudes; les choses se résorbent assez vite. C’est mon expérience qui en témoigne. Je reçois par ailleurs des familles ou des parents de petits enfants en provenance d’un médecin pédiatre de l’entité de Namur ; notre collaboration est très fructueuse.

 

 

L’enfance (4 à 12 ans)

 

Les signes du mal-être de l’enfant

 

Cette période d’intense développement de la personnalité n’est pas exempte de troubles plus ou moins graves.

La perturbation récurrente du langage (vocabulaire faible, construction incorrecte des phrases, inversion des mots ou des syllabes, acquisition lente, prononciation déficiente, etc.) constitue un terrain à surveiller de près.

Le comportement est également un autre axe révélateur de tensions et de difficultés si l’enfant est par exemple trop agressif, trop agité (ou trop sage), incapable de se concentrer durablement sur une activité ou ne contrôle plus sa propreté.

Les relations avec son environnement peuvent être aussi source de problèmes si les résultats scolaires baissent significativement, si des vols ou des mensonges interviennent souvent sans parler des peurs classiques (les loups, les sorcières, les dragons …) qui perturbent le sommeil.

La jalousie, les oppositions, les états de tristesse, le manque de confiance en soi, la difficulté de prendre sa place à l’école ou dans un groupe d’amis, autant de difficultés qui doivent alerter les parents.

 

L’intervention du psychothérapeute auprès des enfants passe aussi par les parents

 

Mon expérience de psychologue montre que les enfants ont parfois besoin d’un tiers pour exprimer à leurs parents ce qu’ils vivent de l’intérieur. Très souvent, ils ont envie de revenir, car ils se sentent aidés et mieux compris. De ce fait, mon travail consiste parfois simplement à faire prendre conscience aux parents des réelles causes bien souvent ignorées des parents.  Dans d’autres circonstances, je reçois les enfants pour qu’ils puissent trouver un espace de parole et avec de petits moyens, qui englobent le jeu, nous tentons de résorber petit à petit ces difficultés.

Les psychothérapies avec les enfants doivent toujours commencer par des entretiens avec les parents. Lorsque l’un d’entre eux ne peut venir à ces entretiens préliminaires, il est toutefois indispensable qu’il donne son accord à la démarche.

Ces entretiens s’avèrent suffisants quand les problèmes de l’enfant sont une réaction à des tensions vécues dans le couple ou dans la famille. Les parents prennent alors conscience que c’est aux adultes de faire un travail et ils déterminent avec le psychologue si la démarche la plus pertinente est de venir en couple ou en famille.

Mais les troubles de l’enfant peuvent être plus structuraux. Il est alors nécessaire qu’il consulte seul pour prévenir un ancrage plus profond de ses perturbations. Cela ne peut se faire que si l’enfant est d’accord, On prévoit alors avec lui, en présence de ses parents, de faire un essai de 2 ou 3 séances, pour savoir si le travail proposé et le psychothérapeute qu’il consulte lui conviennent.

Au terme de cet essai, les parents et l’enfant décident d’entreprendre une psychothérapie seulement si l’enfant est motivé. Les objectifs sont définis en accord avec lui. C’est généralement pour qu’il se sente bien avec les membres de sa famille et/ou avec les adultes de la sphère sociale élargie (professeurs, éducateurs au sens large) et avec les camarades de son âge.

Tout comme pour un adulte, la psychothérapie d’un enfant a lieu pour l’autoriser à éprouver et à désirer pour lui-même et non pas pour satisfaire les souhaits des adultes, fussent-ils ses parents. De leur côté, les parents ont à avoir confiance en cet enfant, en son désir de vie, de vivre avec les autres. Cette confiance est souvent mise à mal pendant la psychothérapie, parce que l’enfant la teste. Il la teste parce qu’il a un besoin absolu de savoir que cette confiance existe, Il va donc la vérifier maintes fois si nécessaire. C’est à ce prix que sa mise au monde sera effective, Si cette confiance n’est pas acquise, l’enfant devenu adolescent puis adulte se craindra lui-même et craindra les autres ; il aura des difficultés à reconnaître ses aspirations profondes et à les accomplir, Il aura tendance à se mettre en échec ou à se vivre dans l’insatisfaction et l’injustice.

 

Les outils de la psychothérapie pour enfants

 

Les psychothérapies pour les enfants suivent les mêmes principes que celles qui sont conduites avec les adultes : la parole est essentielle. Grâce aux échanges verbaux avec son psychologue, l’enfant apprend à se faire confiance, à être en sécurité avec ses désirs.

Dans le travail avec les enfants, on fait davantage appel aux « inventions », car ils n’ont pas encore construit toutes les défenses psychologiques qui éloignent de l’inconscient. Les enfants apprécient donc volontiers les activités de dessin, collages, récits sur des thèmes comme l’école, les amis, les animaux, les voyages, la famille. Cela sert de support à leur parole, soutient l’expression de leur vérité et leur élan de maturation.

Les rêves et les cauchemars sont également un matériel qui donne un véritable dynamisme au processus de soins psychologiques avec l’enfant. Les terreurs nocturnes et les rêveries témoignent facilement de ce qui le préoccupe et offrent un support très intéressant pour le déculpabiliser et le faire progresser dans son développement psychologique et social.

Car tout enfant désire devenir grand, mais comment devenir grand sans être soi-même ?

On évalue facilement la santé d’un enfant à travers la quantité et la qualité de ses nourritures alimentaires. On oublie trop fréquemment de mesurer la quantité et la qualité de ses nourritures affectives. Or, pour reprendre Françoise Dolto, l’élan, le dynamisme et l’équilibre d’un enfant sont bien davantage subordonnés aux secondes qu’aux premières.